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18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 14:01

       Le célèbre poète Jean de La Fontaine se retournerait dans sa tombe s'il constatait que les principales banques centrales inversent actuellement la morale pétrie de bon sens de sa fable sur la cigale et la fourmi.

 

       En effet,  par l'institution croissante de taux d'intérêts négatifs (réels et même nominaux, donc encore plus négatifs compte tenu de l'inflation), ces banques centrales, au prétexte de soutenir l'économie, subventionnent en réalité divers parasites du système économique (Etats mal gérés, entreprises non rentables dites "zombies", spéculation immobilière et financière basée sur l'endettement, etc.).

 

       Comme, en matière économique, rien n'est gratuit, la baisse des taux d'intérêts est en réalité payée par les fourmis (épargnants, entrepreneurs, créateurs de nouveaux produits et investisseurs qui autofinancent directement ou indirectement la vraie croissance dans la sphère de l'économie réelle).

 

        En effet, les prêteurs sont moins rémunérés du risque qu'ils prennent d'avoir des emprunteurs insolvables (ils doivent même payer officiellement pour ce risque avec les taux d'intérêts nominaux négatifs, un comble !...)

 

         Quant aux créateurs directs de richesses, ils n'ont jamais investi plus à cause de taux d'intérêts plus bas. En effet, ils investissent quand ils ont à la fois un auto-financement suffisant et quand de réelles opportunités se présentent sur leurs marchés. L'emprunt n'est qu'un complément possible de financement car l'entrepreneur de base sait bien qu'un investissement est toujours un pari sur l'avenir. En conséquence, une bonne proportion d'autofinancement lui permet de sauvegarder son indépendance au cas où l'investissement réalisé ne serait finalement pas rentable, au lieu de subir les affres d'une faillite et d'une liquidation de son entreprise en cas d'endettement trop élevé.

 

      Pour ces créateurs, les plus efficaces au point de vue économique, la baisse des taux d'intérêts réduit aussi la rentabilité de leur trésorerie et donc leurs capacités d'autofinancement en attente d'investissement réellement productif. Cette baisse réduit aussi le pouvoir d'achat de la clientèle qui a quelque épargne en attente de la consommer (bon nombre d'économistes considèrent en effet que l'épargne est une consommation différée). Ceci sans parler du réflexe naturel d'augmenter son épargne de précaution (et donc de diminuer sa consommation) pour compenser l'effet de taux d'intérêt moins rémunérateurs.

 

     Ce comportement de bon sens de l'entrepreneur (qui sait qu'il ne peut pas faire payer ses erreurs aux autres comme un politicien ou un dirigeant de banque centrale pourrait, par exemple, faire payer ses propres erreurs aux citoyens-contribuables) explique pourquoi, malgré plus de dix ans de politique monétaire ultra-accommodante, pour ne pas dire laxiste, la croissance économique réelle n'a pas augmenté.

 

      Si les politiques monétaires étaient si efficaces que cela, cette croissance économique aurait dû augmenter sensiblement avec le passage aux taux négatifs et l'utilisation d'autres instruments nouveaux de création monétaire ("quantitative easing", etc.).

 

      Ce qui a augmenté, ce sont les prix de l'immobilier et, en général, celui des actifs financiers (les rares domaines où les taux d'intérêt ont une réelle influence). Et, bien sûr, corollaire de ces politiques monétaires débridées, l'endettement général a encore fortement augmenté (notamment celui des Etats mal gérés). Avec tous les dangers que cela représente pour la sécurité financière des citoyens dans le cadre d'une faible croissance et d'une faible inflation.

 

       Pour résumer philosophiquement tous ces effets pervers non pris en compte par les décideurs, comment peut-on raisonnablement croire que l'on améliorera durablement l'économie en subventionnant les cigales et en pénalisant les fourmis ?...

 

         Ce bon Monsieur de La Fontaine savait déjà qu'il valait mieux confier la gestion économique à la fourmi et, une fois l'économie prospère, donner un peu d'argent à la cigale (pour sauvegarder la biodiversité comme on dirait aujourd'hui...) en la cantonnant aux activités où elle excelle, à savoir l'utilisation de l'argent des autres à des fins de divertissement, de spectacle et d'illusion...

 

        Un jour ou l'autre, le bon sens reprendra ses droits (faudra-t-il pour cela attendre une faillite généralisée des cigales ayant eu pendant trop longtemps la bride sur le cou ?).

 

         Ce résumé de la situation monétaire actuelle étant fait, il serait donc temps d'en finir avec cette fable de la relance de l'économie réelle par la baisse des taux d'intérêt et la création monétaire.

 

             Il y a aussi une deuxième fable que l'on apprend encore aux étudiants. C'est celle de l'efficacité de la théorie keynésienne pour, là encore, "relancer l'économie" selon la formule consacrée.

 

        Du temps où Keynes a formulé sa théorie de relance de l'économie par les dépenses publiques, les économies étaient fermées dans la plupart des pays. De ce fait, une hausse des dépenses publiques d'un Etat pouvait dynamiser l'activité des entreprises situées dans le pays concerné.

 

             Avec la mondialisation des marchés, cette théorie keynésienne ne marche plus. Car, une relance des dépenses publiques dynamise les entreprises les plus compétitives, étrangères ou nationales. Une économie compétitive n'a pas besoin d'être relancée car elle profite déjà d'une croissance mondialisée.

 

                En conséquence, une "relance" par les dépenses publiques non seulement ne redynamise pas une économie peu compétitive mais elle augmente encore les déficits budgétaire et extérieur ainsi que la dette publique du pays concerné. Avec, à terme, une augmentation des prélèvements obligatoires qui rendent encore moins compétitive l'économie du pays en question...

 

              Les gagnants à ces politiques de relance devenues ineptes sont les politiciens et la haute administration en mal de pouvoir ainsi que les divers lobbys bien placés pour profiter au mieux de la manne de nouvelles dépenses publiques. Les perdants à ce jeu devenu pernicieux pour le bien commun sont bien entendu l'ensemble des citoyens-contribuables (subissant à la fois une hausse continue des prélèvements obligatoires et un alourdissement dangereux de la dette publique).

 

              En conclusion, les deux piliers de l'action macro-économique (depuis la fin des "trente glorieuses") que sont les stimulations budgétaire et monétaire sont devenus inefficaces et de plus en plus coûteux pour les citoyens (endettement croissant malgré la hausse généralisée des taux de prélèvements en temps de paix, bilans très alourdis des banques centrales avec, qui plus est, le risque croissant d'une décrédibilisation des monnaies papier, etc.).

 

               Après une fuite en avant budgétaire qui a déjà atteint ses limites dans beaucoup de pays (à cause du surendettement public accumulé) et une fuite en avant monétaire qui n'a pas encore atteint ses propres limites, que reste-t-il de sérieux et d'efficace pour éviter une faillite généralisée un jour ou l'autre ?

 

               Le seul levier macro-économique efficace qui reste est celui d'un changement radical de fiscalité. Afin notamment de maximiser les investissements rentables de la sphère réelle de l'économie et de stimuler au maximum l'incitation des citoyens à créer des biens et des services.

 

               Pour cela, il faut logiquement bannir tous les prélèvements sur les profits, les revenus et l'épargne afin de maximiser les capacités d'autofinancement des acteurs économiques. Donc, ne plus taxer la création de richesses.

 

               Et, pour continuer à financer les dépenses régaliennes des Etats, il faut reporter ces prélèvements sur la consommation qui n'est finalement qu'une destruction de richesses pour des besoins ou des envies individuels. Afin de conserver à la fois de la justice fiscale et afin aussi de maximiser le rendement financier, les taux de cette taxe seraient modulés selon le degré de nécessité, de luxe et leur bilan écologique.

 

          La philosophie de cette approche fiscale fondamentalement juste et non démagogique est que le citoyen n'est pas imposé quand il est utile en créant des richesses mais il est imposé quand il détruit par la consommation ce qui a été produit.

 

          Pour plus de détails, le lecteur est invité à se reporter à l'article de ce blog intitulé : REMBOURSER LA DETTE PUBLIQUE SANS APPAUVRIR LES CITOYENS.

 

             Avec un tel changement fiscal, pour la satisfaction du bien commun et la grande simplification de la vie des citoyens, les fourmis et les cigales retrouveraient les places qu'elles méritent. Et Monsieur De La Fontaine pourrait à nouveau reposer tranquillement....

 

                                                         Jean-Luc SOULE-NAN

 

                                                              Economiste

                                                                       

 

 

                                                     

 

                

 

 

 

               

 

             

 

             

 

 

 

 

 

 

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  • : Un principe fiscal fondamentalement juste et efficace pour assurer une croissance forte et durable sans les "dopages" budgétaire et monétaire habituels qui ont d'ailleurs atteint leurs limites. Une solution fiscale peu coûteuse pour les citoyens et efficace pour rembourser les dettes colossales accumulées depuis des décennies par les dirigeants de certains Etats occidentaux
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